Atelier du 12 mai

Le tout et son contraire, c’était ses derniers mots, assez vagues, il le reconnaissait, assez consensuels aussi. Il avait été brillant dans son exposé mais n’avait pas su conclure. Il s’en voulait maintenant que cet épisode n’était plus qu’un souvenir. Il y avait mis de l’enjeu pourtant, exposer et convaincre, être clair, argumenter un point après l’autre dans un tricotage serré, pour défendre le parapluie contre toute autre innovation et en particulier les capsules transparentes émises directement par les smartphones dès la moindre averse. Il avait démontré comment ces légères capsules ne résisteraient pas aux bourrasques tourbillonnantes, comment elles se désagrègeraient sous la neige. Il aimait les champs de parapluies multicolores qui fleurissaient les jours de pluie. Il avait évoqué la mémoire des sons des gouttes sur la toile tendue au-dessus de la tête. Mais il n’en était pas resté à la poésie. Il avait aussi développé les atouts techniques du parapluie : la solidité et l’originalité, les imprimés dessinés ou classiquement pied de poule. Il avait expliqué que la transparence de la bulle capsulaire n’avait rien à envier à celle de certaines toiles, que chanter sous la pluie donnait des ailes et que les capsules, eh bien c’était tout et son contraire, des non parapluies.