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Michel
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Atelier du 03 mars Empty Atelier du 03 mars

Mer 3 Mar - 11:38
C'est ici et pas ailleurs !

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Michel
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Atelier du 03 mars Empty Logorally

Mer 3 Mar - 11:39
Le rasoir posé sur la table de la cuisine n’était visiblement pas à sa place .La veille il l’avait pourtant mis là où depuis toujours il le rangeait, c’est-à-dire dans le tiroir du meuble de salle de bain. Son père d’ailleurs le rangeait aussi au même endroit avec les accessoires indispensables à son fonctionnement. Parce que ce rasoir n’était pas comme les autres. C’était un coupe-chou hérité de son arrière-grand père. Ce dernier après une carrière musicale internationale était venu s’installé dans la région. Depuis rien ou presque n’avait changé dans cette maison. Les meubles, les objets, las outils, les instruments de musique accrochés au mur…
Paulo regarda par la fenêtre. Sous le ciel gris de novembre la vue état encombrée par une grue de chantier pour la construction de sa nouvelle maison. Et soudain il eut un soupçon. Il se retourna vers ce rasoir posé là. Quelqu’un s’en était servi. Sinon il ne serait pas dans la cuisine. Pour quelle raison ? A part se raser cet outil ne pouvait servir qu’à la torture c’était évident. Ce que confirmaient les traces de sang qui ornaient le fil de la lame. Qui avait été torturé ? Il prit peur. Il devait s’enfuir. Vite il mit son casque, enfourcha sa moto mais avant il envoya un message à sa femme pour lui dire qu’il serait en retard pour diner. Il réalisa aussi que son bonheur prenait fin.

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marie-françoise
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Atelier du 03 mars Empty Logorasoir

Mer 3 Mar - 12:10
Marianne n’a pas une vie rasoir, c’est sûr. Elle est pleine de péripéties. Dont elle se passerait, dit-elle. Mais… une vie rasoir, l’ennui du quotidien, la fatigue quand on se lève, une paire de chaussons qu’on ne quitte pas de la journée… Une vie de pantouflard. Du rasoir aux pantoufles, on est toujours dans l’accessoire. Rasoir, accessoire, arrosoir, miroir… regarder dans le miroir une tronche de vie de pantouflard aussi rasoir que l’ambiance musicale d’un supermarché ou du métro. Alors que le gars là-haut dans sa grue qui se balance, quand il met une ambiance musicale au rythme du mouvement lent et régulier de son engin, il plane. Une autre vie, tout là-haut, avec un soupçon de peur, un équilibre sur le fil du rasoir, de l’émotion, et quel panorama ! Il plane avec son sandwich au thon et ses oreillettes. Il s’élève au-dessus des tortures sonores du chantier, marteau-piqueur et bétonnière. Il pourrait jouer avec les milans qui contournent la grue et chanter avec eux. Mais non, il garde son casque, monte le son et écoute du rap. Il tripe. Ce n’est que quand il redescend qu’il consulte ses messages sur son smartphone. Est-ce qu’il peut les capter là-haut ? Il s’arrête tout en bas, dans la bouillasse de la glaise, tope la main de ses potes, « c’est le bonheur là-haut », je vous l’avais dit pas mieux qu’une grue pour échapper à une vie rasoir.

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marie-françoise
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Atelier du 03 mars Empty Mariam coud

Mer 3 Mar - 12:14
Avec mes parents, j’habitais au 12 allée Auguste Renoir, au 3e étage un appartement grand, propre, aux murs clairs et abominablement bruyant. J’ai un frère, Sam, et nous avions chacun notre chambre, ce qui n’est pas fréquent dans les autres familles. Il faut dire que deux enfants c’est rare.
Mon père est algérien et ma mère normande. Mon prénom a été choisi pour satisfaire tout le monde, surtout les grands-parents algériens, à mon avis : je m’appelle Mariam.
Dans cet appartement bruyant, j’étais silencieuse. Renfermée, silencieuse, calme, j’étais une enfant discrète et aujourd’hui je suis encore une femme réservée.
Je suis allée à l’école Henri Wallon puis au collège Georges Braque, dans le quartier. J’ai fait du judo à la Maison pour tous, j’ai écouté des contes à la Bibliothèque Louis Aragon, puis j’ai traîné mon ennui à l’Accueil Jeunesse.
J’étais une élève moyenne, juste de quoi ne pas avoir d’ennuis, ne pas me faire remarquer. Après le collège, je suis allée au lycée professionnel en section matériaux souples où je me suis nettement démarquée de mes copines qui détestaient les cours. J’ai beaucoup aimé les tissus : apprendre à les connaître, à les distinguer, à coudre, à assembler, à fabriquer des vêtements, à tricoter, à dessiner des patrons. J’éprouve un grand plaisir à toucher les tissus. J’ai eu facilement mon BEP.
Juste après mon diplôme, je me suis mariée avec Ambrose. J’avais 18 ans. Nous avons eu deux enfants. Mon mari a un travail au centre Leclerc, il est vigile. Je ne connais pas ses parents qui vivent au Mali. Ambrose est silencieux lui aussi. Son imposante carrure et son mutisme le rendent impressionnant.
Avec mon mari, j’ai changé de tour et j'habite au 4 allée Henri Wallon, au 7e étage. Je vois mieux ce qui se passe sur la dalle mais pour le reste, c’est un peu pareil qu’avec mes parents : les mêmes ascenseurs aléatoires, les mêmes puanteurs rances dans le hall, les mêmes boîtes à lettres régulièrement brûlées, les mêmes cavalcades dans les sous-sols.
J’aime récupérer des tissus et leur donner une nouvelle vie. J’ai fait passer le mot : ne jetez pas vos vieux vêtements, torchons, serviettes de toilette, pulls. Je répare et je donne, je recompose des vêtements, je redonne. Dans le quartier, on connaît mes talents de raccommodeuse. Les réseaux de la cité ne sont pas que virtuels et, souvent, des gens que je ne connais pas passent chez moi pour une réparation, un raccommodage. Je suis quelqu’un d’efficace et je ne perds pas mon temps en palabres. Pourtant, on me reproche de ne pas tenir compte des racontars, d’aider n’importe qui, même celui ou celle qui te crache dessus quand tu as le dos tourné. Je me sens différente et ceci m’attriste.
Beaucoup d’échanges se font à l’école où j’apporte mon aide pour tout ce qui concerne les textiles. J’ai même fait des démonstrations à l’école élémentaire.
Alors il y a eu une collecte dans les tours des allées Auguste Renoir et Henri Wallon et j’ai pu acheter une machine à coudre. Notre appartement est assez grand et j’ai installé un coin couture. Je suis fière de ce retour d’entraide.
La bibliothèque est également un lieu de rendez-vous régulier. J’y collecte les tissus usés et je fais des dépôts de vêtements remis à neuf chaque premier jeudi du mois.
Ce jeudi-là, Gabriel, le bibliothécaire faisait du désherbage : il retirait des rayons les livres abîmés, ceux qui n’étaient jamais empruntés, les poussiéreux, les décollés, les découpés, les déchirés. J’ai suivi cette opération avec un grand intérêt. J’ai mis dans mon carton les livres mis au rebus, au milieu des vêtements poussiéreux, déchirés, découpés, percés. Je vais essayer de les réparer, de reconstituer des histoires, des bandes dessinées, des romans photos, de réunir des personnages. Je vais découper, recoller, remanier les livres et, qui sait, leur donner une nouvelle vie.

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marianne
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Atelier du 03 mars Empty Shérazade

Mer 3 Mar - 15:52
Je n’ai vraiment pas eu de bol. Il y en a pourtant pleins qui naissent avec une cuillère d’argent dans la bouche. Et bien moi je suis née dans un lit souillé sous les yeux effarés de mes cinq frères et sœurs.
Je ne sais même pas si ma mère savait qu’elle était enceinte de moi. Elle avait enchaîné cinq grossesses et son ventre n’avait jamais dégonflé. Elle a eu juste le temps de s’allonger sur son lit, de pousser deux ou trois fois et je suis sortie un peu bleue mais vivante. Ma mère a crié à mon frère aîné Téo d’aller chercher une paire de ciseaux et elle a coupé elle-même le cordon qui me liait à elle. Définitivement je dois dire car c’est plutôt ma sœur aînée Emma alors âgée de 10 ans qui s’est occupée de moi bébé, même les nuits où je criais de faim, c’est elle qui se levait pour me donner le biberon.
Notre mère était une femme enfant, nous avions chacun un père différent et la fratrie était bien colorée. Je suis née d’un père inconnu et j’en porte les stigmates, une peau brune et de grands yeux verts. Ma mère m’a appelée Shérazade, Princesse des Mille et Une nuits.
Nous vivions dans un HLM délabré et tagué dans une zone urbaine hérissée de tours grises et de détritus en guise d’espaces verts. Très jeunes et devant l’apathie de notre mère, chacun avait son rôle à jouer pour survivre dans ce milieu hostile. Tom l’ainée faisait les courses et avait des plans pour récupérer des denrées trop chères pour leur bourse. Emma la sacrifiée faisait toutes les tâches ménagères dont la cuisine. Benji le troisième, toujours un livre à la main, aidait ça et là tandis que Marion la quatrième était sensée s’occuper des deux petits derniers dont moi. Je me souviens encore de l’odeur pestilentielle que je trimbalais sur moi et dans tout l’appartement car ma couche n’était pas souvent changée. On mangeait souvent à même le sol dans des gamelles en plastique comme des chiots affamés. Notre mère quant à elle, avait les fesses clouées dans ce fichu fauteuil récupéré aux Emmaus, fumait et buvait des bières tout en regardant le ciel gris par les carreaux sales de la fenêtre.
On a tous survécus à ces mauvais traitements et en grandissant nous étions autonomes et indépendants depuis longtemps. Tom dealait pour nourrir la famille, secondé par Emma quand il avait trop de livraisons à faire. Seul Benji le troisième allait régulièrement à l’école et était le sage de la famille. Le petit cinquième Noé avait une spécialité et était très adroit dans le vol à la tire. Il ramenait toujours à la maison des montres, des bracelets ou des portefeuilles et faisait la distribution comme un Père Noel. C’est Marion la quatrième qui m’entraîna très jeune à la prostitution. Elle avait un petit réseau de clients de la Cité et avait un souteneur surnommé Le Caïd qui au prétexte de la protéger et de lui trouver des clients prélevait un gros pourcentage sur ses passes. A 15 ans j’étais déjà embarquée dans ce milieu. On avait à disposition un studio et à tour de rôle on était une dizaine de filles à se partager les clients. L’avantage était qu’on n’avait pas besoin de faire le trottoir. On avait une super organisation avec l’application Wattsup et on arrivait à ne pas se télescoper au même moment.
J’allais toujours au bahut par intermittence. L’école me barbait mais j’aimais bien les cours de français. Je n’arrivais pas à lire mais j’aimais bien écouter la prof quand elle nous lisait des extraits de romans. Elle lisait super bien, mettait l’intonation d’une voix claire et avec une diction parfaite.
Après la troisième j’ai été orientée en CAP coiffure en alternance. Autant dire que ça ne m’emballait pas de laver les cheveux gras et de balayer sans cesse le sol jonché de cheveux qui s’engouffraient partout. Ma patronne ne me garda pas et dès Noël je me suis retrouvée sans avenir professionnel. Enfin j’avais toujours les passes qui se faisaient de plus en plus nombreuses et j’avais ma clientèle fidèle ce qui me permettait de m’acheter de jolies fringues et de me payer le coiffeur et l’esthéticienne.
Un jour, je venais alors d’avoir 18 ans, je reçu par Wattsup un rendez-vous avec un homme que je ne connaissais pas. Tous les clients avaient un pseudo mais je ne connaissais pas El Chuzpo. Arrivée au studio un homme style bad boy couvert de tatouages et de bagouses m’attendait. A peine rentrés dans le studio, il essaya de m’étrangler avec son foulard. Je ne compris pas tout de suite si c’était un jeu ou un vrai supplice. Il disait « calla té mujer », il continuait à serrer et je commençais à vraiment m’étouffer . Je me débattis, courut jusqu’au tiroir de la kitchenette, pris un couteau et le lui enfonça en plein nombril. Je n’avais pas vraiment visé mais le couteau se planta là et le bonhomme s’écroula. J’appelais le Caïd qui me dit ne rien vouloir savoir alors je fis le numéro du Samu alors que El Chuzpo se vidait de son sang. Heureusement il survécut mais je fus condamnée à deux ans de prison ferme pour prostitution et homicide volontaire, la légitime défense étant écartée au profit de ce malfrat de El Chuzpo qui avait les moyens de se payer un bon avocat alors que le mien était un jeune commis d’office inexpérimenté.
Au début j’avais du mal à supporter la vie carcérale. J’étais enfermée avec trois autres jeunes femmes dans une même cellule et chacune essayait tant bien que mal de supporter les manies des autres, leurs odeurs, leurs voix et jusqu’à leurs histoires tristes et au final banales. J’avais découvert que je pouvais m’évader de leurs présences en allant à la bibliothèque qui n’était pas très fournie mais avait l’avantage d’être ouverte trois fois par semaine de 14h à 16h surveillée par un maton à moitié endormie.
Je repérais des romans qui étaient au programme de troisième et le souvenir de ma prof de français lisant me revint en mémoire. Je lis presque d’une traite l’écume des jours de Boris Vian, pleurant sur le triste sort de Chloé. Puis la métamorphose de Franz Kafka me fit beaucoup rire car je m’imaginais El Chuzpo transformé en blatte que j’aurais pu l’écraser comme un cafard qu’il est. Quand je lus vipère au poing, je rageais devant l’attitude froide et cynique de cette mère si dure envers ses fils, j’avais envie de lui cracher à la figure, de lui arracher les ongles, de lui dire ses quatre vérités. Heureusement que ses enfants se sont rebellés et ont eu leur vengeance !
Ce dernier roman m’a laissé un goût de colère, d’envie de vengeance. Il m’a fait remonter des histoires de mon enfance, non pas que ma mère soit comme Folcoche, non c’est au contraire une âme fragile et sans méchanceté aucune. J’éprouvais juste un sentiment de revanche sur la vie. Et si j’écrivais un livre pour exorciser mon mal être et profiter de la prison pour m’évader de ma cellule ?

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daniele
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Atelier du 03 mars Empty Mélodie(le déni)

Dim 7 Mar - 19:15
Mélodie (Le déni) .


Je m'appelle Mélodie. J'ai pointé le bout de mon nez un premier mai , le jour de la fête du travail , et des brins de muguet . Mon histoire commence bien ,direz vous ! 
Ma mère Suzanne âgée de 16 ans , jeune fille joyeuse, a beaucoup d'ami(es-s), veut être journaliste , adore passer du temps dans les bibliothèques. Ma grand-mère Josette l'élève toute seule, son mari est décédé quand elle avait 2 ans .De temps en temps le frère de ma grand-mère, célibataire endurci vient leur rendre visite .Il n'est plus revenu après ma naissance.
Financièrement c'est un peu compliqué. Suzanne travaille un peu sur les marchés, porte les courses à des personnes âgées, vend du muguet le premier mai .
Ce premier mai, ma mère Suzanne, alors qu'elle propose un petit bouquet de muguet, est prise de violentes douleurs abdominales , perd connaissance. Transportée à l'hôpital ,elle donne naissance à une petite fille .
 C'est moi, Mélodie , le déni de grossesse !


Dès ma naissance ma grand-mère assume à la fois les rôles de maman et grand-mère
Nous habitons toutes les 3 chez ma grand-mère.
Maman Suzanne (c'est ainsi que je l'appelle) n'a presque plus parlé après ma naissance .Elle fredonnait toute la journée des mélodies. Elle m'amenait à la crèche, à l'école. Elle me regardait toujours avec un sourire tendre mais “lointain”. Elle écrivait des mots, des petites phrases , faisait des dessins sur des post-it , qu'elle collait partout dans la maison . Par correspondance elle a appris le métier de bibliothécaire, puis a travaillé dans une bibliothèque.
Je peux dire que j'ai eu une enfance normale , comme mes copines sauf que je n'ai jamais prononcé le mot “papa”
A 5 ans lire j'ai appris à lire toute seule grâce aux post-it. Je dessinais pour raconter des histoires.
A 10 ans j'ai voulu savoir qui était mon père .Ma grand-mère m'a dit qu'elle ne savait pas , qu'un jour peut-être ma mère reparlerait et me le dirait.
J'ai fait du dessin , du chant, du piano , du théâtre .
Je suis devenue dessinatrice de mode et professeur de piano et chant .
Le jour de mes 25 ans , ma mère a enlevé tous les post-it et me les a donné en me disant qu'ils étaient pour moi ,que je pourrai peut-être trouver qui était mon père .
J'ai serré dans mes bras ma mère et ma grand-mère . Dans un grand silence, j'ai su qu'une immense mission m'était confiée.
Le soir même j'ai commencé un travail de trie des post-it . A la manière d'une enquête policière je les ai collé sur les murs de ma chambre. Pris des notes dans un cahier, des extraits de phrases de dessins .
J'ai su que j'allais écrire .

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Atelier du 03 mars Empty Re: Atelier du 03 mars

Lun 8 Mar - 10:07
Je m’appelle Perrine et j’ai 55 ans.
J’ai grandit dans une famille catholique, bien sous tout rapport, mon père était dentiste et ma mère femme au foyer, 1 sœur et 2 frères. J’ai été dans une école primaire privée, un collège privé, et un lycée privé, je n’ai jamais été privée de rien, il faut dire que je n’attendais pas grand chose. Je peux dire sans prendre de risque que ma vie était écrite d’avance. J’ai toujours habité dans la banlieue Rouennaise, la banlieue chic. J’ai toujours été sage et fais ce que l’on attendait de moi. Je me suis mariée à 21 ans avec un prothésiste dentaire, fils d’un ami de mes parents. J’ai 3 enfants dont je suis fière qui habitent à Paris. La chose la plus folle que j’ai faite dans ma vie est d’avoir fumé une cigarette quand j’avais 15 ans. Petite, j’ai fait de l’équitation et du tennis, de la danse classique et du modern jazz, en famille nous allions faire des randonnées le dimanche dans la forêt de Jumièges. Bref une vie bien rangée, partagée entre les enfants, les obligations sociales, les repas avec les collègues de mon mari et l’entretien de notre grande maison hyper connectée. J’adore les nouvelles technologies, je pouvais lancer ma machine à laver au moment de la communion et quand je rentrais de l’église mon linge était lavé et séché ! Ma vie qui vient d’exploser.
Je m’appelle Perrine, j’ai 55 ans et mon mari vient de me quitter. Il a hypothéqué la maison, vidé le compte en banque et il est parti avec sa secrétaire. Si c’était un roman ça ressemblerait à un mauvais Guillaume Musso, mais c’est ma vie et il va falloir faire avec. J’ai du vendre la maison, mes cartons sont un garde meuble, en ce moment je cherche un appartement, je loue une chambre à la résidence hôtel du parc. Je n’ai plus rien à part des envies de meurtre !
Ma sœur me dit que je devrais trouver vite un nouveau mari, quelle idiote ! Je découvre que j’ai de la haine en moi, beaucoup de haine et Jésus ne m’aide pas beaucoup. J’ai envie de tuer tout le monde, cette nuit j’ai rêvé que je tuais l’agent immobilier qui est venu faire visiter ma maison à un jeune couple, qui faisait comme si je n’existais pas. J’ai rêvé que je tuais mon mari et même mes enfants !  Je rêve que je tue la boulangère qui me regarde d’un air condescendant. Il y a quelques jours à la radio, j’ai entendu un psy qui parlait de l’écriture comme d’une échappatoire, pourquoi pas. Je n’ai jamais eu d’imagination, mais je n’ai jamais vécu seule non plus et il va bien falloir que je m’y fasse. Dans ma tête j’échafaude des plans dont je me croyais pas capable…peut-être que je pourrais écrire un livre, Jésus a bien écrit la bible, bon, pas exactement mais pourquoi pas moi !

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Michel
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Atelier du 03 mars Empty Germain Bouvier

Lun 8 Mar - 11:52
Chaque fois que je m’enfonce dans les entrailles de la cité, que je pose un pied sur les barreaux de l’échelle qui m’y conduit, je me demande toujours ce que je vais découvrir. Le réseau des égouts est aussi vaste que la ville et chaque fois que j’y descends il y a de nouvelles choses à découvrir. Mon quotidien est ainsi fait que ces lieux jugés sombres et sordides par la plupart des gens, sont pour moi les lieux les plus mystérieux, les plus envoûtants d’une cité. Les habitants au-dessus n’ont aucune idée de ce qui se passe sous leurs pieds. Ces bas-fonds qui sont ce à quoi se résument leurs vies, nos vies, à des rejets immondes charriées par des canaux où des milliers de rats et d’insectes ont élu domicile.
Vous l’avez compris, je suis égoutier. J’ai cinquante ans et je m’appelle Germain Bouvier. Bouvier qui rime avec bourbier comme on me le fait remarquer parfois. Je devais être électricien et puis j’ai suivi les méandres du fonctionnariat municipal. Un demi-choix professionnel en somme mais qui m’a permis d’être mieux payé.
Je vis seul depuis le décès de ma femme il y a quelques années. Nous n’avons pas eu d’enfant et je n’ai pas eu l’envie de partager à nouveau mon quotidien avec une autre femme. Mon univers se résume au boulot, aux sorties avec les collègues, aux repas de familles chez ma sœur ou mon frère, à quelques voyages et surtout au rugby. Une passion. Je suis abonné au Stade et en vrai fan l’ambiance des tribunes le dimanche me requinque pour toute la semaine.
J’ai donc une vie simple qui peut paraître ennuyeuse mais comme me le dit mon beau-frère, si tu crois que tu es le seul à te faire chier dans la vie, je te laisse ma place…
J’adore également manger et depuis peu, je me suis pris, non pas de passion, il ne faut pas pousser mais disons d’un vif intérêt pour la cuisine. J’accumule les livres de recettes et je consulte les sites dédiés. On se fait souvent des bouffes entre copains où chacun son tour on exerce nos talents culinaires lors d’invitations à thème. Plats traditionnel, plats asiatiques, plats de chefs...
Hier, je me suis penché sur un chili con carne. Rien de bien compliqué mais je me suis rendu compte que le rédacteur de la recette n’était pas très clair le jour où il l’a rédigée. Ou alors c’était une mauvaise traduction. Tout avait l’air d’être dans le désordre. Comment des gens peuvent se faire publier avec une prose aussi nulle ?
Je lis beaucoup de romans et depuis toujours j’adore la belle écriture, celle qui nous embarque avec aisance jusqu’au bout de l’histoire. J’estime que même pour une recette cet effort doit être fait. J’ai donc compilé plusieurs recettes pour en rédiger une moi-même, que je comptais distribuer aux potes le soir après le repas comme nous le faisons à chaque fois. Je me suis si bien appliqué à éviter une écriture synthétique, qu’une page ne m’a pas suffi. J’y suis allé avec de telles envolées syntaxiques  parsemées de qualificatifs et d’adverbes choisis, que ma recette ressemblait plus à une nouvelle qu’à une notice.
Aussi hier soir à la distribution, j’eu droit à quelques réflexions rigolardes sur la longueur et la teneur du texte.  Surtout après avoir précisé que j’en étais le rédacteur.
En fin de soirée, mon pote Gaëtan, un ancien du Castres Olympique devenu journaliste sportif, m’a dit sur le pas de la porte en agitant le feuillet de la recette:
-          Tu sais que tu écris très bien. Tu devrais t’y mettre.
-          M’y mettre à quoi ?
-          A écrire.
-          A écrire quoi ?
-          Ben, je ne sais pas moi…un roman.
-          Un roman? Je sais peut-être écrire une connerie comme celle-là, mais je n’ai pas la maîtrise qu’il faut et encore moins l’imagination pour raconter une histoire. Non, ce n’est pas pour moi ce truc-là.
-          Tu crois que moi, je savais écrire des articles quand je jouais encore au CO ? C’est comme tout mon vieux, il suffit simplement de commencer.
-          Mais je n’en ai pas envie.
-          Oh si, tu en as envie mais tu ne le sais pas. Ta recette en est la preuve.
-          Qu’est-ce que je pourrais raconter ? Je te l’ai dit, je n’ai pas d’imagination.
-          Écris sur ce que tu connais bien, je ne sais pas moi… ton boulot par exemple.
Je crois que le déclic s’est fait à cet instant-là, dans la seconde de silence qui a suivi ces quatre derniers mots.

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